4 juin 2010
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L'observatoireArticles

Quel modèle pour l’écologie ? 1er round : Jésus VS. Pikachu

Le 4 juin 2010 - Par qui vous parle de , dans , , parmi lesquels , ,

Le consensus général autour de l’impératif durable ne doit pas faire oublier les profondes différences qui existent sur les fins et les moyens de l’écologie. Le débat n’est pas seulement politique ; il est aussi civilisationnel, comme en témoigne le pasteur Eric George sur son blog Miettes de théologie :

« En revanche, en tant que chrétien nous devons nous garder d’une conception idolâtre de l’écologie. On voit en effet réapparaître, sous maints aspects, l’idée d’une nature vivante, sacrée qu’il nous faudrait respecter sous peine d’encourir sa colère. C’est le succès du New Age, du chamanisme, la résurgence du paganisme sous la forme du Wikka1. C’est aussi la cosmologie asiatique de plus en plus présente dans notre culture. Les pokemon en sont un bon exemple, ces monstres de poches sont en effet étroitement liés à différents aspect de la natures (empruntés au shintoïsme).

Bref, Pikachu et consorts sont une version à peine modernisée des esprits des eaux et des forêts. Je pourrais évoquer le succès (mérité) de dessins animés bien plus poétiques et subtils tels que Princesse Mononoke ou Le voyage de Chihiro. Une part non négligeable du discours écologique me paraît donc s’accompagner d’un retour à la personnification et à la vénération de la Nature. »

Malgré sa légèreté, la question posée est on ne peut plus pertinente, et l’allusion à Pokémon parfaitement légitime. Une brève connaissance des origines de cette saga vidéoludique permet de s’en convaincre :

« Dépassé par le développement urbain et la consécration du « tout-en-béton », [le créateur de Pokémon] Satoshi Tajiri voue un culte particulier à dame Nature. […] Impuissant, il assiste à la destruction de tout un patrimoine naturel et, animé d’une pulsion indomptable, entreprend de collectionner les insectes dans un souci de préservation. »2

Ajoutez à cela un univers extrêmement cohérent dans lesquel quelques Pokémon légendaires font office de Grand Horloger (cf. cet article extrêmement documenté sur la cosmognie dans Pokémon), et vous comprendrez qu’un pasteur soit quelque peu déboussolé !

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Et il n’est pas le seul. Il me semble en effet intéressant, et même nécessaire de s’interroger, dans le contexte mondialisé qui est le nôtre, sur les « figures » qui seront amenées à déterminer notre vision future de l’écologie. S’il serait absurde de penser que les Pokémon ont tout chamboulé3, on peut quand même se demander dans quelle mesure la diffusion de la pop-culture nippone (mais c’est largement valable pour d’autres) contribue à bouger les lignes, même très finement… Pour le meilleur ou pour le pire ? chacun y répondra avec ses convictions.

Reste à savoir si le Christ de la vieille Europe ne pourrait pas cohabiter avec le Dieu Cerf de Miyazaki ! Notons au passage qu’après avoir débuté par du bon gros polythéisme des familles, la cosmogonie de Pokémon finit par flirter avec le monothéïsme (cf. Arceus). Comme quoi…

NB : Le prochain round opposera Dame Nature à ce bon vieux Karl Marx :-)

  1. Si Monsieur Eric George passe par ici, je veux bien qu’il m’explique en commentaire ce à quoi il fait référence ! []
  2. Cf. « Saga Pokémon, quinze ans de business story« , Marc Pétronille,IG Magazine #4. Voire aussi La saga des jeux vidéo, aux éditions Pix’n’Love. []
  3. Je vous rassure, Mr Eric George ne tombe pas dans ce piège []

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