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Paris-ci l’illusion : « remember the soldier standing next to me, riding on the Metro »

Le 8 juin 2012 - Par qui vous parle de ,

[Nouvelle chronique de Matthias Jambon-Puillet, aka Le Reilly, qui nous offre quelques lignes de sa plume aiguisée, entre deux nouvelles et trois billets sur The Best Place. Pour des histoires de lignes, encore… On ne se refait pas.]

Il existe une astuce pour reconnaître les véritables Lyonnais dans le métro C : ils s’assoient dans le sens contraire de la marche quand ils partent du terminus à Cuire. Car cette ligne, unique en France, passe le long du trajet d’un ancien funiculaire, le long d’une pente. Et quiconque est assis dans le sens de la marche se retrouve à contracter ses muscles pour ne pas chuter en avant dans la descente.

Les vrais lyonnais ont optimisé leur trajet, ils savent quel côté de la banquette choisir.

Prendre le métro est un acte à 90% passif. On rentre dans une rame, on s’assoit, et on attend sagement notre arrêt. Alors, pour évacuer ce sentiment d’impuissance, on optimise les 10% restants. Une manière assez simple est de choisir la bonne rame, la bonne porte, pour tomber directement en face de notre correspondance ou sortie une fois arrivés à la station désirée. C’est sur ce postulat de départ que s’appuie l’application Paris-ci la sortie du métro.

« New York Subway Exit », Saul Steinberg, 1944

Disponible sur plateformes mobiles (iOS, Android, Windows Phone), le logiciel comprend l’intégralité des plans de station du métro parisien. Et pour chaque station, chaque ligne, chaque sens de trajet, on vous indique quelle est la meilleure rame, la meilleure porte, pour optimiser votre trajet. Dans les faits, cela représente à tout casser une trentaine de seconde d’optimisation par correspondance. Autant dire trois fois rien. Cela va aussi à l’encontre du confort global des usagers, puisque le métro part du principe que l’on va se répartir équitablement dans les rames pour homogénéiser l’occupation des sièges. En bref, cette application est aussi inutile que néfaste à l’infrastructure souterraine de Paris.

Mais.

Mais les gens veulent contrôler leur trajet, ils veulent sentir qu’ils ont encore une marge de manœuvre, eux qui sont déjà assujettis aux horaires des rames, aux retards, aux grèves, aux autres passagers. Le métro est aussi pratique qu’aliénant. C’est l’éternel paradoxe du transport en commun. Alors on se rassure comme on peut, en marche une dizaine de secondes le long de son quai de départ pour économiser une dizaine de secondes de marche sur le quai d’arrivée. Voilà à ce à quoi on en est réduit, l’illusion du contrôle, l’optimisation à tout prix. Tout pour reprendre en main le peu d’indépendance que nous laisse le métro.

Au lieu de se résigner et d’optimiser autrement son trajet. Avec un bon livre par exemple.

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2 commentaires

  • C’est pas tant le fait de gagner du temps en marchant 10s de plus avant de prendre le train qu’après l’avoir pris qui est important, c’est de ne pas se retrouver derrière 50 boulets qui avancent pas à la sortie.

    Je prends le métro tous les jours, à des heures différentes, hors et pendant les rush hours, c’est infernal quand tu te retrouves derrière mamie qui avance pas, ou derrière touriste212 qui sait pas où il va.

    Quand tu sors le premier, t’as le champ libre, et ça, ça enlève déjà des raisons de rager.

    Sinon, bonne initiative pour cette application même si les vrais trouvent leurs chemins et leurs bonnes astuces tous seuls, à force d’habitude, de tests, de tweaks, et d’erreurs.

    Je suppose que ça fait de moi un aigri de voiloir garder jalousement mes secrets pour moi.

    En fait je m’en fous, Paris, j’y suis 1 fois par an. Et quand j’y suis, je prends un plaisir malsain à être touriste213.

  • Mouais… Autant ça n’a pas tant d’importance en général, autant ça peut parfois l’être pr gagner ces 2 minutes qui changent tout ou ne pas se retrouver à sortir n’importe où dans une station qu’on ne connaît pas.
    Quand tu es sur un quai où tt le monde attend au centre et que les extrémités sont vides, ça permet de savoir quelle extrémité choisir.
    Et puis en vrai vaut-il mieux marcher sur le quai pr se positionner au bon endroit pdt les 2/3 minutes où on a rien à faire en attendant le métro ou en sortant du métro avec tous ces gens qui ne savent pas où aller, s’arrêtent au milieu du quai sans se préoccuper des autres… ?

    En vrai je ne l’utilise que qd je suis pressé (mais bon en général je ne prends pas le métro qd j’ai le temps ;) )