9 décembre 2019
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L'observatoireContributions

La ville dans le cinéma de Bong Joon-ho (Demain la ville)

Dans la foulée de notre dernier article dédié à Quentin Tarantino, nous continuons notre exploration des villes filmées chez certain·e·s cinéastes (après Wes Anderson et Céline Sciamma), avec une autre personnalité qui a créé la sensation sur la Croisette ce printemps 2019 : Bong Joon-ho. Le réalisateur est devenu le premier sud-coréen à remporter la Palme d’or avec son dernier film en date, Parasite. Comptant sept longs métrages à son actif à l’heure où nous écrivons ces lignes, Bong Joon-ho s’est imposé dans le paysage cinématographique sud-coréen, mais aussi mondial.

Réalisateur polymorphe, il s’est attaqué à une multitude de genres : aventure, comédie noire, science-fiction, polar, drame… Points communs de ces films : certain·e·s acteur·trice·s récurrent·e·s, un questionnement constant des relations sociales (qu’il s’agisse de la famille ou encore des rapports de classes), et évidemment, un attachement à raconter ces récits via leurs décors, bien souvent urbains.

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Banalité urbaine

Bong Joon-ho se sert d’abord de la ville pour raconter un quotidien, encadrer une action sans pour autant que les spectateur·trice·s ne soient perdus. Dans la plupart de ses films, les actions ne sont pas directement spatialisées : on ne sait pas trop dans quel coin de Corée du Sud l’on se trouve lorsque l’on est devant Barking Dogs Never BiteMemories of MurderMother ou Okja. En ne situant pas vraiment l’action, on se dit qu’elle peut avoir lieu partout, y compris dans le cas de scènes violentes (meurtres, cruauté envers les animaux ou encore élevage d’espèces transgéniques).

Aussi, les films du réalisateur mettent souvent en scène des protagonistes aux personnalités peu remarquables, et issus de classes moyennes ou inférieures. Ils habitent des complexes d’immeubles, de petites fermes sur les hauteurs d’un village, ou des entresols insalubres. Ils travaillent dans des gargotes le long du Han ou dans des commissariats miteux. Ancrés dans ce quotidien banal, ils se voient confrontés à l’inhabituel, voire l’innommable dans différentes intrigues. Surtout, ces cadres urbains les confortent dans leurs statuts. Car la ville de Bong Joon-ho est aussi un diviseur social.

Déterminisme social

Il y a un engagement certain chez Bong Joon-ho, qui remonte dès avant qu’il ne devienne réalisateur. Parmi les cinéastes qui l’ont marqué, il cite Henri-Georges Clouzot, Martin Scorsese et Claude Chabrol. Tous trois ont tourné des films sociaux, montrant l’écrasement des petits faces aux grands, et les luttes – parfois vaines – qu’ils mènent pour sortir de leur condition. On retrouve en effet largement ces thèmes dans le cinéma de Bong.

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