28 août 2019
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Miniatures et aventures : la ville-décor dans le cinéma de Wes Anderson (Demain la ville)

Le 28 août 2019 - Par qui vous parle de dans , parmi lesquels , , , ,

Nous commençons aujourd’hui une nouvelle série d’articles sur la représentation de la ville dans la pop culture. Après nous être penchés sur les villes dans le jeu vidéo le temps de quelques articles, nous nous intéresserons à présent au cinéma. Et plutôt que de copier ce que l’émission Blow Up d’Arte fait déjà parfaitement – avec sa série de vidéos sur la représentation de certaines villes dans le septième art (comme LondresBerlin ou encore Venise) -, nous avons choisi de nous intéresser aux filmographies de certain·e·s cinéastes, et à la façon dont ces artistes se sont attaché·e·s à représenter la ville. Nous commençons avec Wes Anderson, réalisateur qui, en moins d’une dizaine de films, s’est imposé dans le paysage cinématographique mondial.

Car le cinéma de Wes Anderson est reconnaissable entre mille grâce à certains codes bien établis depuis 1996, année de la sortie de Bottle Rocket, son premier long métrage. Parmi ses idées fixes formelles, on trouve la couleur jaune, la police de caractère Futura, l’écrit en général, un casting récurrent et grossissant au gré de ses films, et surtout une réelle obsession pour le détail. Côté scénario, il aime traiter de la famille (plus ou moins fonctionnelle) et du passage de l’adolescence à l’âge adulte. Au milieu de ces marqueurs, la ville joue un rôle, souvent discret, mais essentiel.

Des décors pour rendre hommage

Comme nous le verrons dans les articles qui composent cette série, la ville cinématographique est bien souvent d’abord un écrin, un cadre dans lequel doit se dérouler le film. En ce sens, Wes Anderson ne déroge pas à cette règle, puisqu’il préfère souvent se concentrer sur ses personnages et leurs actions : les mondes de Wes Anderson sont souvent fermés – mais nous y reviendrons plus tard. Cependant, ce n’est pas parce qu’il ne fait pas grand cas (c’est du moins ce que l’on peut penser après un premier visionnage de sa filmographie) que le réalisateur n’accorde pas la même minutie à la ville qu’à ses mises en scène.

Dans le cinéma de Wes Anderson, les lieux de décor sont d’abord un moyen de rendre hommage. Hommage à Jean Renoir et son film Le Fleuve (1951) dans The Darjeling Limited (2007) en montrant une Inde en mouvement. Hommage aux documentaires de Jacques-Yves Cousteau dans The Life Aquatic (2004) et ses scènes de bateau et de pleine mer. Hommage au cinéma d’Akira Kurosawa avec la ville de Megasaki dans Isle of Dogs (2018). Hommage à l’œuvre littéraire gigogne de Stefan Zweig dans The Grand Budapest Hotel (2014) et ses décors centre-européens. Hommage à Roald Dahl dont il adapte l’œuvre dans Fantastic Mr. Fox (2009), avec la reproduction d’un village du Buckinghamshire. Hommage à venir à la France, son pays d’adoption, dans The French Dispatch, tourné à Angoulême.

En recréant ou en inventant les villes de ses films, Anderson montre son attachement au cinéma, à la littérature et à la musique en général. Il fait des clins d’œil aux cinéphiles qui sauront voir les références, tout en entraînant l’ensemble des spectateurs et spectatrices dans un monde qui les ramènera, le temps d’un long métrage, en enfance.

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