27 septembre 2018
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L'observatoireDossiers & Immanquables

Les Immanquables du mois – Septembre 2018

Un mois après la rentrée officielle, on a repris notre petite vie tranquille au bureau... Envoyer des mails, rendre les études à temps, alimenter le blog et ce qu'on préfère par dessus tout : faire une veille quotidienne sur les enjeux urbains actuels ! La présente chronique est donc le support idéal pour vous faire part de nos lectures préférées.

Parmi les articles, vidéos et autres émissions de radio que l'on a vu passer au court du mois, on souhaitait donc mettre en valeur la petite sélection ci-dessous. Au programme, des villes et des citadins bien sûr. Mais surtout : de la musique urbaine et des mobilités foutraques !

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Les articles à ne pas manquer

« Une brève histoire du métro dans le rap français« , Slate, 3 septembre 2018
« Personne ne raconte mieux le métro et le RER que la scène hip-hop hexagonale, notamment indé. » introduit ce billet quelque peu suranné. Pour tout vous dire, on avait écrit un petit texte pour la RATP sur ce sujet il y a trois ou quatre ans de cela. Bref, bien que cet article semble tout droit sorti de 2007, nous tenions à le mettre en avant pour célébrer son intention. On sera toujours heureux de lire des articles qui mettent en avant des figures urbaines célébrées dans l’univers hip-hop et rap. Disons que lire un article de 2018 sur le tandem rap & métro citant les Sages Po’ et NTM c’est un peu comme revendiquer aujourd’hui haut et fort que le street art était une activité illégale avant qu’on l’institutionnalise…

Cela dit, on était content de lire du Damso qui prononce probablement la phrase la plus contemporaine de ce billet : « Tu parles de Lambo’ mais tu prends le métro / T’as fait qu’un album mais c’était l’album de trop ». Une petite punchline pleine d’egotrip, voilà le rap que l’on entend en 2018. Assez proche en termes d’image, on pourrait citer Niska : « Tu peux me croiser en Porsche / Je n’prends pas le bus, ça m’fait des entorses« . Le métro, le bus, c’est la même chose : si je fais de l’argent, je ne vais pas m’embêter à prendre les transports en commun comme tout le monde. Aujourd’hui, la routine urbaine et ses imaginaires très 90’s ne sont plus la réalité des lyrics de rap. Autrement dit, une chanson de rap ne vise plus à dépeindre une certaine réalité brute, mais tend à instaurer un discours que l’on nomme souvent « egotrip ». Bref, même si au moment de sa chanson « Boug en Plus » Niska a plus les moyens de s’offrir un pass Navigo qu’une Porsche, son discours (à l’instar de celui de Damso) donne, à mon sens, peau neuve à l’image des transports collectifs dans l’imaginaire du « hip-hop » français.

Ok, une petite histoire de telle ou telle figure urbaine dans tel ou tel discours artistique ne fait jamais de mal. Mais on aurait juste préféré lire des références et un contenu plus actuels.

« Hanoï, la métamorphose : du vélo à la moto« , Forum Vies mobiles, 17 septembre 2018
L’intitulé de la thèse de Harve Hansen est un poil plus compliqué que le titre de cette interview du chercheur, publiée sur Forum Vies Mobiles. Cependant, on comprend plutôt bien l’enjeu général de ce travail, qui suit le courant de recherche du « tournant de la mobilité ». Plus pécisément, le doctorant s’est « intéressé à la transition, à Hanoï, de l’usage de la bicyclette et de la marche à pied à l’usage des motos et des voitures. En d’autres termes, [il a] étudié une transition de mobilités à très faibles émissions en CO2 à des mobilités à fortes émissions en CO2« . Alors que nos villes essayent (ou pensent à) de limiter l’usage de la voiture au profit des transports en commun et modes doux tel que la marche et le vélo, les villes d’autres contrées suivent évidemment des modèles bien différents de développement. Remise en contexte avec l’Histoire économique, sociale et culturelle du pays, l’étude de l’évolution des modes de déplacement à Hanoï est passionnante car elle se fait le miroir inversé de ce qui se déroule dans certaines grandes villes occidentales. Même si le sujet a l’air aussi pointu que complexe au départ, le format interview permet d’en comprendre un certain nombre d’enjeux. On vous conseille donc la lecture de ce billet Forum Vies Mobiles si vous souhaitez en savoir d’avantage.

L’astuce à ne pas manquer

« Toronto cyclists are using pool noodles to combat dangerous drivers« , BlogTo, 6 septembre 2018
ET SI LA FRITE EN MOUSSE ETAIT LE MOYEN ULTIME POUR APAISER LA CIRCULATION URBAINE ??? C’est l’idée de génie qu’ont eu une poignée de cyclistes à Toronto, où les accrochages et accidents de vélo causés par une friction avec la gente automobile sont nombreux…

« Un tube doux, simple et inoffensif que certains cyclistes choisissent de fixer sous leurs sièges pour que les voitures apprennent à respecter la distance d’un mètre lorsque les deux modes partagent le trafic… Vous savez, comme la loi l’indique. L’idée n’est pas nouvelle, mais elle semble avoir gagné en popularité depuis 2016. »

Le clip musical à ne pas manquer

Et si les villes s’urbanisaient au rythme des musiques contemporaines ? Il existe sûrement des animations visuelles où l’on pourrait regarder des mégapoles sortir de terre en accord avec le tempo de nos refrains préférés. Cette imagerie « timelapse » de la construction urbaine est certes un classique des représentations de l’urbanisation galopante. Dans le présent clip du célèbre groupe Perfume*, les trois artistes de J-pop apparaissent en introduction dans le rôle d’espèces d’architectes omniscientes. En quelques pas de danse savamment chorégraphiés, une gigantesque ville « futuriste » (au sens naïf et pas forcément souhaitable du terme) se forme alors à toute vitesse sur le décor nu du début du clip.

*Notre contributeur sûr Thomas Hajdukowicz vous en parlait l’an passé dans ces colonnes : Perfume : le futur de la ville et ses désillusions

On ne comprend alors pas bien si ce sont les chanteuses qui détiennent de puissants pouvoirs techno-magiques, ou si elles sont aidées par les plateformes bétonnées – aussi mystiques que brutalistes – qui habillent cette vaste plaine côtière. Leur design n’évoque-t-il pas les vestiges d’une civilisation ancienne techno-avancée ? Les trois idoles joueraient alors plus un rôle de prêtresses (voire carrément de sorcières) du numérique capables, par le rituel de la danse et du chant, de faire pousser une magalopole virtuelle. Cette ville, dans laquelle elles se retrouvent soudainement entourées, est donc clairement un monde virtuel. Au cours du clip, elles continuent à « fabriquer » ce monde à coup de baguette numérique invisible, tout en s’amusant à tester ses différents services. De l’habitat connecté au jeu vidéo multijoueur dématérialisé, en passant par des séances de shopping en réalité augmentée, les idoles explorent tout ce que cette ville du futur a à leur offrir.

Cela dit, pas besoin d’avoir sa carte dans un parti écolo pour remarquer que cette ville du futur est tout sauf souhaitable ! Quelqu’un peut-il nous dire POURQUOI elles sont si contentes de danser sur un rond-point artificiel entouré de chariots mouvants et survolé par des drones livreurs ??? Mise à part cette scène absurde, ce Tokyo du turfu ressemble globalement à une dystopie modélisée sur CitiesSkylines. Pour la faire simple : les humains et la végétation (en dehors de pelouses synthétiques qui parsèment le paysage) semblent être absents de ce grand programme urbain. On retiendra donc de ce décor la hauteur de ses immeubles, l’imbrication de ses nombreuses autoroutes, l’autonomie de ses véhicules, et la grisaille générale de son bâti…

« Kikou c’est la ville de demain ! »… No.

On adore ce groupe et son univers (qui s’apparente souvent à un monde urbain et connecté) mais on avoue que pour ce clip, on aurait aimé des imaginaires urbains plus désirables. Qui sait, peut-être que leur prochain clip viendra détruire toutes ces représentations grisâtres et polluantes, à coup d’attaques de glitch ou de virus informatiques en forme de kaiju ?

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