3 février 2010
Par

L'observatoireArticles

Harry Potter ou le déclin annoncé de la cartographie ?

Le 3 février 2010 - Par qui vous parle de , , dans , parmi lesquels

Pour rester dans la thématique cartographique de mon dernier billet (Si les gamers cartographiaient le monde) – pour les cancres qui n’ont pas lu l’entretien en entier -, voici une autre saillie brillante de Nicolas Nova, qui s’attaque cette fois à la « carte sans carte ». Rien que ça !

« Il est important lorsque l’on parle de géolocalisation de ne pas s’arrêter à la notion de carte. L’usage de la carte s’avère en effet compliqué si c’est un téléphone avec un écran assez petit, étant donné que tout le monde n’a pas encore un iPhone1. De plus, la lecture de cartes demande aussi un apprentissage et une maîtrise particulière qui n’est pas toujours partagée.

Du coup, on peut également imaginer d’autres dispositifs, tels des objets communicants qui peuvent fournir des données géolocalisées sans avoir recours à une carte. Un exemple intéressant est cette horloge développée par Microsoft est la « Whereabouts Clock », qui est calquée sur « l’Horloge de famille des Weasley » dans Harry Potter, permettant à Maman Weasley de savoir où se trouve sa famille2. Microsoft a développé une horloge similaire3 : c’est un exemple d’application discrète de géolocalisation qui va au-delà de la carte. »

clock_ui

Je ne vois pas ce que je pourrais ajouter à la qualité du propos. L’un des potentiels majeurs repose évidemment sur le floutement du caractère intrusif de la géolocalisation, et Microsoft ne s’en cache d’ailleurs pas.

« Nous voulons que l’horloge donne suffisamment d’informations pour être rassurante sans en donner trop et que les gens se sentent surveillés. »

Néanmoins, et j’ai volontairement choisi un titre tête-à-claque dans ce sens, le développement de telles interfaces n’est-il pas la preuve que l’on peut se passer de carte pour lire l’espace ? Évidemment, la carte restera un médium majeur de la représentation spatiale. Mais des visualisations comme la réalité augmentée, malgré tous les doutes que j’exprime sur le sujet, s’affranchit déjà du fond de carte – et ce n’est probablement qu’un début :

« On peut imaginer que la carte n’est pas toujours la plus pertinente en termes de valeur d’usage : il n’est pas toujours utile d’avoir une représentation très précise du territoire et de la position des individus. De même, on peut considérer que le partage d’informations sur sa géolocalisation sur des plateformes telles que Twitter est aussi une forme non-cartographique intéressante. »

D’autres applications expérimentales pointent leur nez et interrogent mes origines de géographes. Jusqu’à quel point pourra-t-on se passer de la cartographie pour naviguer dans la ville ? Je laisse mes amis géographes répondre s’ils le souhaitent. Mais la problématique est suffisamment stimulante pour que je promette d’y revenir dans un prochain billet, notamment pour parler de quelques rencontres sympathiques faites lors GeoInTalk 2010.

Je laisserai la conclusion à Nicolas Nova, avant d’en profiter pour remercier tous ceux qui ont RT le billet « Si les gamers cartographiaient le monde »4  – et qui ont fait exploser mes stats \o/

« Cette « carte sans carte » est une tendance importante et porteuse d’un grand potentiel en terme de design, mais peut-on encore l’appeler « carte » ? »

Vaste question.

  1. Je serais un chouïa moins déterministe que Nicolas sur ce point. []
  2. Au travail, en déplacement, à l’école, etc. L’application repose sur le traitement des connexions de mobile. []
  3. En savoir plus ici []
  4. Pêle-mêle : Emile Hooge, Renaud de GeoInWeb, Playtime et GameinSociety… que je vous invite à lire. Et bien évidemment, un immense merci à Nicolas Nova pour tous ses liens et toutes ces idées que j’emprunte ! []

2 commentaires

  • Est-ce encore une carte? Une forme stylisée, une abstraction de carte, oui. Ce n’est peut-être plus une « carte géographique », mais elle formalise des espaces (maison, école, travail, etc…) sémantiquement précis. Ce n’est plus une « carte géographique », mais cela n’en est pas moins une représentation d’un univers. Un réseau de transport est une carte et le fond géographique peut assez aisément s’estomper. Un schéma en mindmapping est une carte…

  • Je partage évidemment votre commentaire, la carte ne saurait se réduire à une représentation géographique du monde. Néanmoins, et c’est toute la problématique que je soulevais dans mon billet, une majorité des « cartographies » que nous utilisons au quotidien pour naviguer dans la ville – au sens large, jusqu’à la basique ligne de bus ! – se révèlent en réalité inappropriées à nos situations de mobilités.

    30% des Français ne savent pas trouver leur domicile sur un plan, selon une étude Keolis. Demain, combien ne sauront pas se repérer sur un écran en réalité augmentée ? Il importe de trouver d’autres inspirations pour représenter l’espace formel ou informel. Je pense notamment aux fonctions du radar ou à la boussole – j’en parle dans un très prochain billet.

    Mais pour nuancer le tout, je citerai un camarade géographe qui souhaite rester caché :
    « Dans de nombreux cas, les gens se passent parfaitement de carte. Nul besoin de cartes quand tu connais la ville, connaissance issue d’une pratique basée sur d’autres éléments. Les différents commerces en Namibie par exemple, servent de points de référence, plus que le nom des rues (d’ailleurs, de nombreuses rues n’ont pas de nom), dans un espace urbain homogénéisé à outrance ».

    La ville elle-même devient une « carte sans carte ». Que demander de mieux ?

Laisser un commentaire