Qu’on se le dise : Parks & Recreation est une série géniallissime. Non contente d’être parfaite, c’est aussi l’une de seules séries à véritablement parler de l’urbain : non pas comme simple décor, mais comme élément scénaristique fondamental.
La série est en effet centrée sur le quotidien de Leslie Knope, directrice adjointe du département « Parcs et Loisirs » de la petite ville fictive de Pawnee, dans l’Indiana, mettant en scène les malheurs et les heurs de l’aménagement territorial… De fait, on y retrouve de nombreuses tendances urbanistiques actuelles, parodiées dans quelques épisodes inspirés.
Le prétexte de la série est d’ailleurs purement urbanistique : Leslie et son équipe se mobilisent pour transformer une friche dangereuse, le Sullivan Street Pit, en parc plus accueillant. Cette bataille occupera l’ensemble de la première saison, donnant lieu à de joyeuses saynètes de vraies-fausses réunion de concertation, dans lesquelles chaque urbaniste se retrouvera avec nostalgie… (ou pas)
Le huitième épisode de la quatrième saison ne déroge pas à cette trame urbaine : dans Smallest Park, Leslie Knope se met en tête de reconvertir en parc la (très) petite parcelle anciennement occupée par une cabine téléphonique, une fois celle-ci démontée. De la contrainte naît la créativité, puisque Leslie Knope propose d’en faire un haut lieu du tourisme régional :
Leslie Knope : On a récemment retiré les dernières cabines téléphoniques. Et sur ce bout de béton, je crée le tout nouveau point touristique de Pawnee, le plus petit parc de l’Indiana.
Note : Les scénaristes de l’épisode se seront probablement inspirés du célèbre Mill Ends Park à Portlandia, détenteur officiel du record…
On retrouve là des réflexions éminemment contemporaines : obsolescence des cabines téléphoniques à l’ère du mobile et de la ville connectée ; reconversion des friches urbaines en espace de loisirs, trop longtemps délaissés au profit de l’automobile ; et surtout, positionnement créatif sur les micro-territoires, alors que la pensée dominante n’envisage que trop rarement les « interstices » comme de possibles espaces verts (ou autres).
On peut d’ailleurs y voir l’influence des parklets sur l’imaginaire de l’aménagement urbain ((De surcroît, la parcelle est située à proximité de places de stationnements, qu’on aurait bien proposé de réhabiliter elles aussi)), ou d’initiatives de guerilla gardening telles que My Street Has No Trees, par exemple.
Comme souvent, la culture populaire se positionne comme révélateur de mainstreamisation de pratiques hier réservés aux plus connoisseurs, avec une belle morale urbaine à la clé : il est possible de faire bien, avec peu : peu de temps, peu de place, peu de thunes ou de soutien hiérarchique.
Même si le résultat version Leslie Knope est un peu trop baroque pour nous plaire, on se satisfera de ce que raconte cet épisode sur l’évolution des moeurs urbanistiques outre-atlantique… (à découvrir en vidéo)
Bonus : une raison supplémentaire, s’il en fallait, de soutenir l’ambitieux programme politique de Leslie Knope, porte-drapeau d’une ville ludique qui s’ignore encore trop ! (extrait de l’épisode S04E12 – Campaign Ad)
Enfin, tout n’est pas rose non plus dans ce programme. Saloperie de culture automobile américaine…:
Dans son programme il y a aussi « one police officer for every 5 citizens »…
Contrebalancé toutefois par l’item suivant « one park ranger for every 10000 raccoons ».
J’avais noté cette série dans les « à voir peut-être », je m’y pencherai donc.
Haha, bien vu ! Sans oublier « Regulate heights of trampolines », qui irait à l’encontre de cette ville ludique qui nous tend les mains : http://www.designboom.com/weblog/cat/30/view/24192/azc-bridge-in-paris.html
Et « Fewer libraries » je sais pas pourquoi mais ça me plaît pas beaucoup non plus.