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Thanatopraxie urbaine : y a-t-il une ville après la mort ?

Le 8 juin 2011 - Par qui vous parle de , , , , ,

Et si les morts contribuaient à redonner vie à nos sociabilités urbaines ? La proposition peut paraître étrange, j’en conviens… Et pourtant, l’idée semble répondre avec une certaine pertinence à quelques enjeux majeurs de la ville hybride, et notamment à la question qui nous anime tous : comment recréer du lien social (en particulier intergénérationnel) dans la ville moderne ?

Ma proposition, que je vais tenter d’expliciter après l’avoir brièvement exposée ici, consiste à croiser la quête de ‘l’immortalité numérique’ (cf. transhumanisme) aux fameuses folksotopies conceptualisées sur ce blog (= contributions géolocalisées contribuant à étoffer la ‘mémoire’ subjective rattachée à un lieu).

Et parce que les néologismes sont toujours utiles pour rendre compte de ces concepts encore flous, j’ai baptisé « thanathopraxie urbaine » cette invitation à repeupler la ville de nos ancêtres d’outre-tombe (c’est un presque-néologisme, en réalité). Vous voulez en savoir plus ?

Ville-fantômes

Tout est né d’une visite en Bulgarie à l’automne dernier. Comme je l’avais raconté ici, j’avais été marqué (pour ne pas dire traumatisé) par la coutume de mes compatriotes à afficher les faire-parts de décès dans la rue, au vu et au su de tous. Notez bien : il ne s’agit pas de localiser les faire-parts sur des panneaux réservés à cet effet (souvent sur les places de villages ou à proximité de lieux de culte, comme ici en Crète), mais bel et bien d’afficher les nécrologies un peu partout dans la ville : sur les portes, les poteaux électriques, les arbres, j’en passe et des meilleurs. Étranges images, où les photos des morts se battent en duel avec des pubs automobiles…

Seulement voilà : passé ce premier sentiment de malaise, on se rend progressivement compte que ces fantômes urbains témoignent surtout d’un attachement encore vivace aux sociabilités de voisinage, essentielles dans la Bulgarie post-soviétique (qui n’avait pas que des défauts, faut-il le rappeler). Autrement dit, la publicisation des morts dans la ville participe à la consolidation du lien social…

H+, la mort en moins

Voilà pour le point de départ de ma réflexion. Vous me direz, une coutume ancestrale et pas forcément très fun, ça ne fait pas une innovation urbaine. Mais associez-la à une forte tendance émergente de la nébuleuse digitale, et l’idée prend une nouvelle envergure. C’est donc là qu’intervient la philosophie transhumaniste, en particulier son regard sur l’immortalité :

Un transhumain serait un homme-plus [H+], un homme qui, fort de ses capacités augmentées par les évolutions techniques et scientifiques brave les contraintes naturelles, allant jusqu’à braver la mort.

C’est en particulier cette réflexion d’Antonio Casilli qui m’a fait réfléchir :

Il y a une relation de correspondance très forte dans la tradition transhumaniste entre l’idée de vivre éternellement [par la cryogénisation] et l’idée de vivre en tant qu’alter-ego numérique [« fantasme de l’avatarisation » selon la journaliste]. Parce que, à un moment historique, dans les années 1990 il y a eu cette confluence, cette fixation entre deux thématiques, grâce à cette idée de l’uploading, du téléchargement du corps et de sa modélisation 3D. Même si c’était un mythe, le fait de vivre éternellement en tant qu’être virtuel était présentée comme la démarche à la portée de tout le monde parce que se connecter à internet était à la portée de tout le monde.

Concrètement, sur quoi s’appuie cette bravade de la mort ? Un autre article pioché dans cet excellent dossier sur la mort numérique nous en donne la réponse :

Et si à notre mort, cette gigantesque base de données pouvait continuer à vivre de manière autonome ? C’est en tout cas l’ambition de Gordon Bell. Il entrevoit un futur dans lequel longtemps après notre mort nos arrières petits enfants pourraient interagir avec notre double virtuel. Un avatar à notre image, qui puiserait dans les centaines de millions d’informations collectées tout au long de notre vie pour adopter nos tics de langage, nos intonations, notre caractère… Ces doubles seraient alors capables de singer notre manière de nous exprimer, pour raconter à notre place les évènements clés de notre vie.

[Bonus : une première ébauche de réflexion sur « l’immortalité facebook » à lire en conclusion de ce billet.]

Naturellement, le croisement de ces deux réflexions conduit à s’interroger : à quoi ressemblerait une ‘avatarisation’ des morts dans l’espace public de la cité ? En d’autres termes, il s’agit d’imaginer une version numérique et interactive des austères faire-parts balkaniques

La cité des morts vivant.

Il existe déjà des ébauches de services permettant de ‘faire vivre’ les morts sur la Toile, tels que 1000memories qui propose aux utilisateurs de poster photos ou pensées sur le profil de la personne décédée. Même s’il ne s’agit ici que de ‘fleurir’ une tombe numérique (avec des ‘fleurs’ certes très personnelles), l’idée est bien de mettre en scène la mémoire intime ; une première ébauche de l’avatarisation ?

Mieux encore, certaines tombes japonaises se sont vues ‘augmentées’ d’un QR Code permettant « d’accéder à la biographie et des photos de la personne », comme me le signalait Emile en commentaire.

On retrouve dans ces questions mémorielles une idée similaire à celle qui structure le concept des folksotopies, cette « mémoire des lieux » dont je vous parlais l’hiver dernier. Pour rappel :

On pourrait ainsi imaginer un nouveau type de mobilier urbain dédié aux folksotopies, qui traduirait in situ la teneur qualitative et quantitative des contributions (un jeu de couleurs, de sons ou de lumières ?) […] Il s’agira d’introduire dans nos rues de nouveaux objets (ou d’en détourner d’anciens) qui pourraient donc faire office de « feux de camp » mémoriels.

Si j’avais d’abord imaginé ces objets urbains pour la mémoire des vivants, rien n’empêche de leur faire restituer la mémoire des morts..!

Il s’agirait donc d’imaginer des objets ou des services urbains permettant de mettre en scène, dans l’espace public de la cité, la mémoire de ces morts – voire carrément leurs avatars autonomes quand la technologie le permettra. Je vous laisse imaginer le potentiel de telles interfaces, notamment en termes de sociabilités…

Quelques exemples basiques : on pourrait imaginer que des habitués du quartier partagent des récits de vie ou des souvenirs à propos d’un lieu (anecdotes, historique, etc.), qu’ils donnent des conseils (guider les touristes avec des informations subjectives, partager des recettes de grand-mère ou pourquoi pas aider les enfants à faire leurs devoirs !)… et ce ne sont ici que des propositions ultra-basiques. Avouez que c’est quand même plus sexy que le traditionnel et dépressif monument aux morts des places de village !

C’est d’ailleurs un exercice de créativité que j’avais proposé à une dizaine d’étudiantes de SciencePo Rennes (et qui avaient relevé le défi avec brio). Certaines avaient par exemple proposé une application ludique de « point de paradis«  (= gagner sa place au paradis en priant pour les avatars des morts), d’autres un service touristique de géocontextualisation des morts (proches ou célébrités). Et encore, je vous le fais en résumé, mais il y avait des idées complètement folles intégrées à chaque service imaginé.

Mais attention, l’idée n’est pas juste de ‘s’amuser’ avec la mémoire des morts sans que cela n’ait de réel impact sur les pratiques urbaines des vivants..!

R.I.P. I.R.L. [Rest In Peace In Real Life]

Et c’est là qu’intervient le néologisme tant attendu. En effet, si l’on souhaite apporter une véritable valeur ajoutée à l’avatarisation des morts, il me semble nécessaire de sortir d’une logique égocentrée comme c’est le cas dans la vision transhumaniste (= objectif personnel de faire vivre son propre personnage à travers un avatar ; c’est un peu nombriliste, vous en conviendrez). A l’opposé, il s’agira de mettre les morts ‘à disposition’ des vivants.

Pour cela, il convient de rendre les avatars des morts ‘présentables’ ; pas pour leur bon plaisir, mais afin de les rendre utiles aux utilisateurs qui souhaiteraient entrer en interaction avec leurs ‘mémoires’. Autrement dit, il s’agira de les rendre opérants et ‘interactivationnables’.

Dans la vie réelle, c’est justement le rôle de la thanatopraxie (aka l’embaumement), d’où le choix de ce terme comme analogie pour expliciter le sujet du jour (merci à Joël G. qui m’a soufflé cette idée brillante !).

La définition originale nous apprend ainsi :

La thanatopraxie est le terme qui désigne l’art, la science ou les techniques modernes permettant de préserver des corps de défunts humains de la décomposition naturelle, de les présenter avec l’apparence de la vie pour les funérailles et d’assurer la destruction d’un maximum d’infections et micro-organismes pathologiques contenus dans le corps des défunts.

Par analogie, on retiendra donc qu’il s’agit :

  • de préserver des corps de défunts humains de la décomposition naturelle <=> de préserver les données numériques des morts de la ‘décomposition’ naturelle, en particulier lié aux défections de matériel (un disque dur qui rend l’âme, par exemple). Ce n’est pas l’avatar du mort qui risque de mourir, mais bien les serveurs-cercueils qui l’accueillent à cause de leur obsolescence accélérée. Il s’agira aussi de les protéger des virus et hackings potentiels, bien que je trouve au contraire l’idée réjouissante (mais les descendants peut-être moins, puisqu’il s’agit techniquement de dégradation de tombe…)
  • de les présenter avec l’apparence de la vie pour les funérailles <=> de les présenter de sorte à les rendre interactifs et opérants, afin qu’ils répondent aux besoins urbains de leur époque. Cela existe d’y intégrer des algorithmes permettant de « diriger » les avatars des morts en réponse à la mission qui leur est confiée (aider les touristes à trouver leur chemin, par exemple).
  • et d’assurer la destruction d’un maximum d’infections et micro-organismes pathologiques <=> et d’assurer la destruction d’un maximum de ‘zones d’ombre’ qui desserviraient l’image du mort auprès des vivants venus le manipuler. C’est là un point plus douteux, dont il convient à mon avis de débattre. Devrait-on nécessairement ne présenter que de ‘bons’ morts dans la perspective d’une thanatopraxie urbaine ?

Evidemment, se pose finalement la question de fond de ce sujet : les morts pourront-ils refuser d’être manipulés par leurs successeurs citadins ? Existe-t-il un « droit à l’oubli » pour les morts numériques ? Quelles sont les conditions pour reposer en paix dans la vie réelle (RIP IRL, marque déposée) ? Ne serait-il pas pertinent, par exemple, de créer un statut permettant de ‘donner ses datas à la ville’ comme on donne son corps à la science ?

———–

Je m’arrête ici pour aujourd’hui… mais j’y reviendrais prochainement tant les idées fusent ! Si vous partagez mon enthousiasme, n’hésitez pas à décrire vos idées de services/objets/autres en commentaires ! Si vous êtes designer/artiste, votre patte graphique m’intéresse aussi… Je n’ai pas ce talent, et vous savez comme moi que « le poids des mots, le choc des images… »

Et si vraiment le concept vous motive, j’essayerai d’organiser un petit apéro-atelier créatif… peut-être à Père Lachaise quand les beaux jours reviendront ? :-)

A vos commentaires !

20 commentaires

  • Bonjour,
    En Italie aussi, on trouve les faire-parts collés sur les portes des maisons ou sur les murs.
    ça me fait penser au quartier de La Défense, qui est occupé en plein milieu par 2 cimetières, avec lesquels la ville n’a jamais (à ma connaissance) essayé de « communiquer ». Ils sont perçus par les urbanistes comme des « verrues » qu’il faut contourner et non comme des lieux générateurs de sens. Il y a peut être quelque chose à creuser…

    • Bonjour,

      Je ne savais pas pour l’Italie mais ça ne m’étonne pas du tout. Je crois même que Nicolas Nova m’en avait parlé après son voyage en Sicile… mais je ne suis pas sûr. Mais bien évidemment, c’est une tradition qui ne se limite pas à la Bulgarie / aux Balkans.

      Quant à La Défense, vous m’apprenez quelque chose ! Je viens de les découvrir sur Google Maps, c’est dingue : http://bit.ly/kJmGC2
      Effectivement, il y a quelque chose à creuser (sans mauvais jeu de mots ^^) Comment pourrait-on mettre ces cimetières à profit pour « redonner vie » à l’esplanade de La Défense ?

      • j’en conclu d’abord qui si l’EPA n’a pas réussi à faire déménager ces cimetières c’est que la règlementation doit être particulièrement stricte en la matière (l’époque où l’on pouvait vider le cimetière des innocents dans les carrières parisiennes est bien révolue !).
        C’est donc la question de ces espaces de mémoire, à l’époque périphérique, qui ce retrouve en cœur de ville.
        L’exemple bien connu du Caire (http://www.abstrait-concret.com/2008/05/29/deux-millions-a-vivre-dans-les-cimetieres-du-caire/) montre que l’on peut vivre dedans, mais je ne suis pas sûr que ce soit très vendable en France !
        Alors effectivement, si les morts laissent une « mémoire » virtuelle, ça pourrait justifier que les promoteurs puissent bétonner les cimetières, mais est-ce le but recherché ? ? (moi j’aime bien l’ironie de la chose : des morts qui empêchent par leur simple présence la construction de tours pour les entreprises du CAC 40)
        En tout cas merci pour ces articles qui élargissent l’horizon de l’urbanisme !

        • Je dois avouer que c’est un risque auquel j’avais pensé, et bien évidemment ce n’est pas le but recherché. Je verrais plutôt un service reliant les datas des personnes enterrées aux employés du quartiers, dans le prolongement d’un service comme « Là pour toi » (réseau social géolocalisé de La Défense, lancé il y a quelques mois par les compères du Hub)… De quoi décoincer un peu la froideur apparente de l’esplanade !

  • Salut,

    Une forme que cette idée pourrait prendre est celle des hologrammes de I.Robot (pas le film de l’année j’en conviens, mais tout de même). Pour ce qui ne connaissent pas je m’explique : un homme avant de mourir peut programmer un hologramme, un copie virtuelle limitée de lui-même, programmer pour interagir avec des personnes et de réagir à certaines question. Dans le cas du film il délivre une sorte de message codé, en demandant à son interlocuteur de trouver « LA » question à lui poser. Dans une idée plus réaliste, on pourrait envisager un programme simple, basé sur les datas des personnes permettant de réagir à des questions simple et de délivrer des informations sur la bio, les connaissances (de toutes sortes) du défunt, une AI de type ALICE, programmée sur le caractère (et peut-être même avec l’aide) du mort. (Pour voir un peu comment fonctionnent les AI de type ALICE, faire un tour ici (http://sheepridge.pandorabots.com/pandora/talk?botid=dee0624a5e345abd&skin=iframe) pour discuter avec un fake captain kirk virtuel, ou plus sympa ici (http://www.titane.ca/main.html) pour clavarder avec iGod…)

  • Est-ce que demain nous feront la chasse aux morts pour ajouter leur tombe à notre tableau de chasse sur foursquare dans l’espoir de récolter l’achievement « l’homme qui murmurait à l’oreille des tombeaux » réservé à ceux qui ont discuté avec plus de 1000 défunts célèbres ?

    Sale coup pour les voyantes.

    • Haha, c’est exactement ça. Il faudrait pas se mettre le lobby des voyantes à dos ! Sans oublier les marabouts héhé.

      Mais plus sérieusement, c’est typiquement le genre de service qui pourrait être pertinent. Après tout, il y a des dizaines de plaques commémoratives (untel est mort ici), le Père Lachaise a ses groupies/touristes… alors pourquoi pas ? Un peu de gamification et le tour est joué ;-)

      • Très bonne idée que d’intégrer ça sur les plaques :)

        Cela dit le truc qui me semble le plus probable, c’est l’intégration aux moteurs de recherche. @sigmund_freud qu’est-ce que tu penses du message véhiculé par les Bisounours ?

        Ce qui est un peu triste, c’est de se dire que malgré tout le potentiel que représente une telle innovation, elle ne servira à 95% qu’à se foutre de la gueule d’une personne célèbre ou à aider des boutonneux dans un dossier

        (cela dit je suis super intéressé par le concept !)

  • C’est vraiment tres tres intéressant comme idée. Personnellement je suis un peu creepy comme mec, je ne peux donc m’empêcher d’imaginer, un « service » qui consisterait en un temps durant lequel ses avatars défunts se trouveraient libérés de leur utilité aux vivants.

    On pourrait imaginer qu’entre certaines heures de la nuit ces défunts numériques en viennent á HANTER la ville… Les données qui les composent n’étant qu’une digitalisation de leurs personnalités passées, leurs « mauvais cotés » pourraient prendre le pas sur leur vocation à rendre service aux vivants et les moquer, perturber leurs activité…

    En fait quand vous dites « thanatopraxie urbaine » je ne peux m’empêcher d’entendre « Poltergheist virtuel »…

    • “En fait quand vous dites “thanatopraxie urbaine” je ne peux m’empêcher d’entendre “Poltergheist virtuel”…” > Oh, mais vous avez bien raison !

      C’est totalement pertinent. Comme me l’avait appris mon compère Nicolas Nova, il est toujours intéressant, quand on fait de la prospective dans ce genre, de ce demander ce qu’il se passerait “si tout partait en sucette”… C’est même souvent plus productif (en termes de créativité) que la prospective classique..!

      C’est pour ça que j’ai ajouté quelques questions en conclusions sur les “mauvais morts” et les possibles “hacks”, qui je pense ont énormément à apporter à cette réflexion encore titubante. Un peu de frictions dans ce monde aseptisé, ça n’est jamais une mauvaise chose.

      En résumé, merci pour votre compliment, et surtout merci pour vos idées ! Je les note dans un coin, pour un prochain billet sur le sujet…

  • Vous connaissez sans doute le projet « Mission Eternity » du collectif Etoy qui le définit (en anglais) comme suit: « MISSION ETERNITY is a metaphysical adventure: an arcane network of computers, mortal remains, emotions, cargo containers, scientists, artists and hackers – a technical as well as a legal, an organizational and an economic night mare. MISSION ETERNITY is as much about loss than it is about conservation of information. MISSION ETERNITY is hybrid art. »

    Si ce n’est pas le cas, voici le lien:
    http://missioneternity.org/

    Cela rejoint à mon avis complètement votre idée.

    • Eh non, je ne connaissais pas, donc merci ! Je regarde ça mais oui, ça m’a l’air pleinement dans le sujet, de quoi trouver l’inspiration pour décliner ces réflexions dans l’espace urbain.

  • La croyance d’une vie après la mort est de l’ordre de la religion. Certains parlent de réincarnation, d’autres d’une seconde vie éternelle et à nous les 800 vierges… Notre génération imaginerai bien des cimetières musulmans avec des visions de défunts effectivement plongés dans un bassin rempli de 800 vierges ! Quel spectacle…

    Si nous sommes athées de la religion, nous n’en sommes pas moins croyant de la culture pop-up urbaine !

    Et quand on pense que J.K. Rowling et ses Harry Potter (oui mes références sont douteuses… ^^) y pensait déjà avec un certain « Nick Quasi Sans Têtes », et autres fantômes ou « fresques et tableaux parlants » de Gryffondor… Le but étant justement d’y laisser une mémoire des anciens « occupants » du site, car rien ne vaut mieux que l’expérience du lieu pour en raconter l’histoire.

    Moi je veux que ce soit Charlemagne lui-même qui me raconte son histoire, Hitler qui se touche devant une classe de Terminale S boutonneux, en s’extasiant de son génocide… Je voudrai voir les fights de Napoléon !

    Alors oui, ça serait choquant, oui ça serait fou, mais ça serait « authentique », vrai et surtout beaucoup plus intéressant que nos cours d’histoire-géo du lycée où l’on s’endormait au bout des 15 premières minutes…

    Alors voilà, l’imaginaire collectif vers la thanatopraxie urbaine est bel et bien en marche. Et vers un cimetière 2.0, il n’y a qu’un pas !

    Et encore bravo pour ce merveilleux article Philippe, et bien sûr si atelier au Père Lachaise il y a, j’en serait très heureux ! ;)

  • Très intéressant !!
    On peut pousser l’imaginaire vraiment loin, ca ferait un bon sujet de livre / film pas si SF que ça.

    on serait quand même vite nombreux !

  • Question livre de SF, il y a le récent « Votre mort nous appartient » qui traite de la survie d’un « avatar ».

    Perso je trouve ça assez effrayant, je n’aime pas du tout votre idée. Les morts sont morts, et tenter de les faire revivre de cette façon, c’est pervertir votre mémoire. Les rendre « présentables » pour qu’ils soient « utiles », c’est à vomir, littéralement. Et ça n’a aucun rapport avec le fait d’afficher les nécrologies un peu partout, où là, il s’agit de partager sa peine.

    « Sociabilisation » avec l’avatar d’un mort ? Vous me faites bien rire.

    • Vous savez, partager votre avis (très respectable) ne vous oblige pas à être condescendant :-)

      Je comprends très bien votre opinion ; j’ai même volontairement « forcé » le trait prospectif afin de stimuler le débat et donc la créativité autour de ce sujet complexe. Mon objectif est avant tout de poser les questions, et d’ouvrir les réflexions. Je n’ai pas la prétention de proposer des réponses toutes faites à ces sujets :-)
      Et pour info, je me suis même placé dans le « camp » adverse dans mon billet sur le peinturlurage d’un monument aux morts.
      Bref, message reçu cinq sur cinq (il n’y avait donc pas besoin d’être si peu aimable ;-))

      Et merci pour la référence, je vais regarder, ça nourrira certainement d’autres réflexions !

      • Contente de votre réponse.

        Comme il s’agit du premier post que j’ai lu sur votre blog, j’ai été assez sidérée de l’enthousiasme apparent envers ces pratiques futures éventuelles, et j’avoue que ma réaction a été assez viscérale.

        Tout ce qui touche au fait de devoir être en permanence utile, productif, au top -ce qui renie notre nature humaine et nous pousse à nous comporter comme des robots- a tendance à me hérisser très vite.

        Donc mea culpa pour le manque d’amabilité et laissons les morts se reposer en paix, comme qui dirait.

  • bonjour,
    j’ai lu votre article avec grand intérêt puisque je me questionne beaucoup sur tout ce qui touche à la mort.
    mais j’ai trouvé votre article terrifiant. personnellement je détesterais l’idée que des gens continue à essayer de faire vivre sur internet, au vu et au sus de tous, une certaine image ou pensée qu’ils avaient de moi. au final ce ne sont jamais que les projections que ces gens ont de la personne défunte, cela risque souvent de s’éloigner de ce qu’était véritablement la personne, et étant mort elle n’a plus aucun droit de réponse, c’est ça qui est le plus terrible.
    éthiquement parlant je trouve ça terrible. imaginez vous, à votre mort, une bande d’imbéciles heureux pensant bien faire et vanter votre mémoire, et déblatérer tout un tas d’ânerie auxquelles vous n’adhéreriez pas du tout. c’est une forme de profanation finalement.
    ce genre d’innovation part de bonnes intentions je n’en doute pas, mais dans le monde que l’on connaît et vu la façon dont les personnes usent et abusent d’internet aujourd’hui, ce serait à mon avis la porte ouverte à toutes les monstruosités.

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