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Vis ma vie de ville en guerre

Le 16 décembre 2011 - Par qui vous parle de , , , dans , , parmi lesquels , , , ,

Des grenades à Liège, des kalash’ à Marseille… Ça y est, la guerre se rapproche (enfin) de mon imaginaire urbain ! C’est pas trop tôt : je commençais à m’impatienter, à force de voir les chars n’envahir que des villes dans lesquels je ne me reconnaissais pas, si proches et pourtant si éloignées de mon référentiel haussmannien : Balkans, Afrique du Nord et équatoriale, Proche- et Moyen-Orient (voire banlieues franciliennes de l’autre côté du mur périphérique…) Drame de ma vie, comme l’expliquait parfaitement mon mentor Tyler Durden :

« On est les enfants oubliés de l’Histoire, les mecs. On n’a pas de but ni de vrai place. On n’a pas de Grande Guerre, pas de Grande Dépression. Notre Grande Guerre est spirituelle, notre Grande Dépression, c’est nos vies. »

Jusqu’ici, il fallait donc se contenter de ne regarder que de loin ces combats acharnés qui donnent tant de piment à la ville… ou à défaut, tirer partie de la pop-culture, souvent prolixe sur le sujet.

Malheureusement, hors contextes historiques ou post-apocalyptiques (à l’image des Fils de l’Homme plongés dans un Londres dystopique), la présence de la guerre dans un environnement urbain « familier » (= de mégalopole occidentale), et surtout CONTEMPORAIN, reste somme toute assez rare. Etat des lieux non-exhaustif mais garanti de qualité supérieure, histoire de former nos imaginaires si ternes à l’idée d’une ville occidentale enfin militarisée (pour aller plus loin : Comment les militaires pensent la ville, chez Transit-City)

Commençons par le 7e Art. Il ne me vient rien d’autre en tête que le magistral Southland Tales, qui prend pour décor un Los Angeles ultra-sécuritaire à l’heure d’une hypothétique 3e Guerre Mondiale (cf. le Mega Zeppelin survolant la ville) Si vous avez d’autres exemples, n’hésitez pas à les partager en commentaires !

Comme souvent dans ces cas-là, il vaut mieux se tourner vers d’autres univers pop, moins soucieux de préserver leur image, pour assouvir ses fantasmes de villes explosives.

Les jeux vidéo, en particulier, fourmillent d’images guerrières s’inscrivant dans un contexte familier, tels que ces tanks jouables dans les différents GTA, et donc dans des environnements reconnaissables : New York, Los Angeles, etc :

Plus récemment, les pubs pour Battlefield 3, affichées dans le métro, ont replacé la guerre urbaine (et pas la simple guérilla folklorique, attention !) sur le devant de la scène. On distingue ainsi clairement  architecture de pays DÉVELOPPÉS, chose rare pour un style de jeu qui privilégie habituellement les territoires plus ensablés… Plusieurs scènes du jeu, et notamment celle de fin, se déroulent ainsi à New York. Avouez que ça a quand même plus de gueule qu’une vidéo de Bagdad sous filtre vert !

Tiens, c’est exactement ce que disait Transit-City à propos des scènes du jeu se déroulant… à Paris (ou de Call of Duty : Modern Warfare dans le métro londonien) :

Faire la guerre boulevard Haussmann, sur l’esplanade des Invalides ou dans une station de métro quand on est parisien, ce n’est évidement pas la même chose que de balancer des missiles à Téhéran (une des autres villes où se déroulent le jeu). [ndlr : je suis retombé sur ce lien après écriture de l’article]

Mais la palme du genre revient à Google Shoot View, mash-up de génie entre Google Street View et un First Person Shooter (jeu de tir à la première personne), malheureusement assez vite abattu par Google (on se rabattra donc sur GTA Street View, autre remix de talent). Imaginez, pouvoir flâner dans les rues de son quotidien, un Colt M4A1 à la main… Le bonheur, tout simplement.

Heureusement, d’autres pop-cultures sont moins regardantes. La quintessence de la ville en guerre nous vient ainsi de la pop coréenne, avec ce clip chatoyant du groupe f(x) (에프엑스) qui réconcilie enfin l’Amour et la Guerre et prouve avec force, si c’était nécessaire, combien la présence militaire peut être une source inépuisable de réenchantement urbain.

Espérons que nos dirigeants sauront s’en inspirer, et donner tort à Tyler Durden ! Il ne manque pas grand chose pour nos villes reprennent enfin goût à l’Histoire, la vraie, celle des mitraillettes et des AAA en exil. On semble sur la bonne voie, si l’on en juge l’usage croissant des drones militaires à des fins policières (en Grande-Bretagne ou aux USA). Une bonne émeute devrait faire l’affaire pour atteindre l’état de guerre permanent… On croise les doigts pour un été aussi brûlant !

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