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Yes We Camp, acteur influent de l’urbanisme transitoire (Demain la ville)

Le 22 juin 2020 - Par qui vous parle de , , , ,

Avant-propos : en 2019, Bouygues Immobilier a piloté une étude interne sur l’urbanisme transitoire, réalisée par pop-up urbain. Plusieurs parties prenantes de ce vaste mouvement ont été interviewés pour l’occasion, parmi lesquels Nicolas Détrie, cofondateur et directeur de Yes We Camp. La structure est en effet l’un des acteurs les plus influents de cet écosystème, présents sur un nombre croissant à travers la France. Dans cet entretien, Nicolas Détrie nous présente l’histoire de son association, depuis ses premiers balbutiements marseillais, avec toujours en ligne de mire l’envie de transformer les valeurs fondatrices de la pratique urbaine.

Comment en arrive-t-on à l’urbanisme transitoire ? Qu’est-ce qui vous a mené, vous et vos collaborateurs, vers ce type de projets plutôt que dans l’urbanisme plus classique ?

Nicolas Détrie : Il y a plusieurs choses qui sont enthousiasmantes dans ce métier ! D’abord, il faut dire que notre motivation, au-delà de l’urbanisme, c’est la vie, la vitalité, les rencontres, les apprentissages ! Les champs professionnels concernés débordent donc de l’architecture et l’urbanisme. Dans l’équipe, nous sommes autant mobilisés pour la création artistique, la construction low tech, l’animation, l’accompagnement social, ou encore les métiers de cuisine et restauration.

Après, l’un de nos moteurs, c’est la rapidité de transformation : quand on a une idée, il suffit de quelques semaines pour la mettre en oeuvre… alors que dans l’urbanisme traditionnel, il faut plutôt attendre dix ans, ce qui est parfois très frustrant ! C’est d’ailleurs pour ça que l’on parle d’urbanisme “réactif”, plutôt que d’urbanisme “transitoire”. Ceux qui parlent d’urbanisme transitoire, ce sont les aménageurs, parce qu’ils ne savent que faire des opérations à vingt ans. Mais la ville, elle est en permanence en transition ! Elle se fait depuis toujours sur elle-même, elle s’augmente.

Comment s’incarne cette vision au sein de vos projets ? Comment se traduit cette envie d’être “réactif” plutôt que “transitoire” ?

Notre société est aujourd’hui en panne dans sa capacité de créer de l’imagination, de la capacité collective et du lien. On est tous un peu cloisonnés chacun dans son monde, et c’est en réponse à ça qu’on travaille. On essaie de voir comment faire pour que les gens puissent se rencontrer, produire, inventer, dépassent leurs sentiments de défiance… Une bonne manière de réussir ça, même si ce n’est pas la seule, c’est de le faire dans un lieu défini qui devient un espace de possibilité. C’est ça, notre vision des projets.

Ce qu’on conçoit, c’est un nouveau type de lieu dans la ville, à la manière de ce que peut être un terrain vague pour des enfants. Ce sont des espaces où il y a un petit peu moins de contrôle, où l’on peut expérimenter même si l’on n’est pas un expert. Quand on y entre, on ressent que les règles du jeu sont un peu différentes que dans l’espace public ou les autres lieux ouverts, comme les écoles, les galeries marchandes ou les musées… En somme, ce sont des endroits où l’on peut s’exposer davantage. Les situations offertes par l’urbanisme transitoire sont de très bonnes opportunités pour concevoir de tels lieux, car c’est facilement accepté par tout le monde qu’il puisse s’y passer quelques chose d’inédit, osé, mixte…

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