21 décembre 2017
Par

L'observatoireDossiers & Immanquables

Les Immanquables du mois – Décembre 2017

Ça y est, c'est officiel, l'année touche à sa fin. Elle n'aura pas été de tout repos, mais qu'elle aura été plaisante ! En attendant la rétrospective que l'on publiera début janvier, qui vous résumera tout ce qui nous a occupé ces derniers mois (et qui nous occupera les prochains), on se retrouve une dernière fois cette année pour nos traditionnels Immanquables qui synthétisent le meilleur de notre veille. Le mois de décembre aura d'ailleurs été bien riche en contenus de qualité : ce sont donc 5 articles, 1 infographie et 2 threads que vous pourrez découvrir ci-dessous... Sur ces belles lectures, on vous souhaite une très belle fin d'année. Et surtout, qu'elle soit riche en urbanités !

Le 21 décembre 2017 - Par qui vous parle de , , ,

Les articles à ne pas manquer

– « Comment le smartphone tue la sonnette de porte« , Usbek & Rica, 4 décembre 2017

Après avoir tué les cabines téléphoniques, les smartphones s’attaquent à un objet d’apparence plus modeste, mais auquel nous portions pourtant une affection démesurée. Comme l’indique le titre de cet article signé Céline Deluzarche, la démocratisation des smartphones est donc en train de rendre obsolètes nos chères sonnettes de portes (et avec elles, des décennies de canulars enfantins !) Le sujet est d’autant plus passionnant qu’il révèle, en creux, la mutation des usages à l’heure du numérique ambiant : porosité croissante entre espace public et privé (et donc transformation annoncée des parties communes), enjeux de logistique croissants face à l’essor du e-commerce, etc. Deux enjeux que l’on avait d’ailleurs identifiés dans une expérimentation menée par Walmart, dont nous vous parlions dans nos Immanquables de septembre. Une preuve supplémentaire, s’il en fallait, que les objets urbains les plus anodins sont souvent révélateurs de la mue profonde que connaissent nos villes !

– « Ville numérique et innovation : les limites du modèle start up« , La Gazette des Communes, 6 décembre 2017

On ne recommandera jamais assez les papiers de la célèbre Gazette des Communes, notre Bible par procuration. C’est ici Hubert Guillaud et Thierry Marcou, nos complicent de la FING, qui rédigent une passionnante tribune sur la « startupisation » des villes. L’enjeu est grand, et les tensions régulièrement médiatisées avec Airbnb, Uber et consorts, ne sont que la partie émergée d’un iceberg de problèmes qui peinent à trouver une solution convenable… alors que c’est précisément la mission qui est confiée aux start-ups par lesdites collectivités. L’enjeu est donc de taille pour les villes, qui commencent à comprendre (non sans avoir jeté l’argent par les fenêtres durant des années, suivez mon regad) que le « modèle start-up » implique quelques réflexions préalables quant aux gouvernances de la ville, et aux valeurs que l’on souhaite incarner à travers ces démarches d’innovation… C’est forcément moins sexy qu’un projet numérique tout clinquant, certes, mais c’est bien plus pertinent sur le plan sociétal !

– « A low tech smart city?« , Sharing.Lab, Medium, 14 décembre 2017

Dans la même veine, on se penchera sur les réflexions sur Sharing.Lab, think-tank danois découvert à l’occasion de la lecture de cet article. Là encore, tout est dans le titre : la ville intelligente peut-elle être « low tech » ? A cette question, cela fait bien longtemps que nous avons pris position en répondant par l’affirmation ; c’était d’ailleurs l’objet de notre « ville astucieuse » il y a quelques années, ce qui ne nous rajeunit pas. Mais plus généralement, il semble que le vent soit en train de tourner pour les techno-prophètes, qui voient leurs rêves de mégalopole entièrement connectée s’effriter peu à peu, et cette tribune l’illustre bien. Inutile de préciser que nous sommes bien content de cette évolution salvatrice des discours sur la ville numérique !

– « Que faire de nos morts? (4/4) : Les cimetières« , La Fabrique de l’Histoire, France Culture, 7 décembre 2017

Comme (presque) chaque mois, une émission de France Culture s’immisce dans nos Immanquables. En l’occurrence, c’est aujourd’hui par le truchement des cimetières que la vénérable radio pointe le bout de son nez. Si vous êtes des habitué.e.s de ce blog, vous connaissez sûrement notre passion pour le sujet (cf. ici et ). Tout est dit dans le pitch : « Résidence des morts par excellence, le cimetière est aussi un lieu de vie pour ceux qui les fréquentent. » Avec cette émission de 52 minutes, La Fabrique de l’Histoire vient donc en remettre une couche pour mettre des mots sur les pratiques sociologiques qui se tissent dans ces lieux de repos parfois bien animés !

– « What’s a Gadgetbahn?« , Cat-bus, 3 décembre 2017

On termine l’année en beauté avec cet article que l’on aurait rêvé écrire. Anton Dubrau y définit le concept de « gadgetbahn », « a speculative transportation concept that proposes to solve planning and financial issues via some sort of magical techno-fix, likely some technology that doesn’t even exist yet. » En gros, c’est l’équivalent ferroviaire de ce que nous appelons « teubotopies« , les utopies teubées. Avec le succès médiatique de l’Hyperloop et d’un paquet d’autres délires urbains qui tournent à plein régime sur les réseaux sociaux (par exemple ce méga-bus qui roule au-dessus des voitures, qui était en réalité une gigantesque arnaque), il fallait bien s’attaquer à cette vaste conspiration qui veut inventer les mobilités de demain en proposant des innovations complètement stupides, et surtout déconnectées de toutes réalités physiques et économiques. Cela n’a rien d’un combat à la Don Quichotte : au contraire, par leur viralité, ce type de « projets » contribuent à faire croire à nombre d’acteurs urbains que la ville de demain ressemblera vraiment à ça… les poussant parfois à allouer des budgets disproportionnés pour tenter de les concrétiser. Avec le risque de finir comme ont finis tous les projets de monorail à travers le monde : par des échecs cuisants, et surtout coûteux. Alors, si l’on pouvait éviter la gadgétisation des mobilités et redistribuer cet argent vers de véritables innovations, plus proches des usagers et besoins réels, ce ne serait pas de refus !

L’infographie à ne pas manquer

On l’évoquait subrepticement dans notre vidéo sur le clash Vélo vs. Auto, les tensions entre les différents usagers de la route s’appuient parfois sur une grande méconnaissance des évolutions récentes du Code de la route, celui-ci ayant tenté de répondre tant bien que mal à l’essor des cyclistes en ville. La ville de Grenoble, connue pour de nombreuses positions en faveur du vélo, a publié une infographie qui résume parfaitement tout cela. Droits et devoirs des cyclistes et automobilistes y sont recensés, et l’on invite donc chacun à en prendre connaissance avant de vilipender son voisin de bitume…

L’appel à contribution à ne pas manquer

On ne va pas se le cacher, les appels à contribution ce n’est pas forcément notre tasse de thé… Pour autant, on sait que ça peut en intéresser certaines et certains d’entre vous, notamment quand le sujet est si fructueux ! En l’occurrence, cet appel porte sur notre sujet fétiche : « L’urbanisme, l’architecture et le jeu vidéo : que fabrique le game design ?« , à l’occasion d’un colloque qui se tiendra les 29 et 30 mars prochain.

« Les relations et limites mouvantes entre urbanisme, architecture et jeu-vidéo sont au cœur des questionnements de ces journées d’études. Les nouvelles, profondes et durables mutations de ces domaines révèlent l’intérêt, voire l’urgence, d’une reformulation de cette interaction entre les pensées de l’espace et les phénomènes vidéo-ludiques. »

Les papiers sont donc à envoyer avant le 15 février 2018, et on soutiendra évidemment de tout notre cœur celles et ceux qui souhaiteront se lancer !

Les threads à ne pas manquer

Une fois n’est pas coutume, ce n’est pas un mais bien deux threads Twitter que nous vous proposons pour finir l’année en beauté ! C’était effectivement bien trop difficile de choisir entre le premier – une rétrospective de villes vidéoludiques, pixelisées comme on aime – et le second – un fabuleux récit de la genèse graphique du RER francilien -, donc on vous les a mis ensemble.

S’il n’ont évidemment rien à voir l’un et l’autre, ils partagent un point commun à nos yeux : chacun raconte à sa manière l’imprégnation des imaginaires urbains dans nos pratiques de tous les jours, qu’elles soient virtuelles ou ferroviaires !

https://twitter.com/valentinsocha/status/939580951205736448

Laisser un commentaire