26 juillet 2011
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L'observatoireArticles

L’architecture en vase clos

Le 26 juillet 2011 - Par qui vous parle de , dans

Quand les pubards se mettent à l’archi, ça donne ça :

Les imaginaires publicitaires ne mentent pas… Je ne sais pas pour vous, mais cette récente campagne pour la Cité de l’Architecture et du Patrimoine illustre selon moi toutes les errances d’une certaine frange de l’architecture contemporaine1

On annonce vouloir rendre l’architecture plus humaine, la rapprocher des citadins et de leur quotidien, l’inscrire dans le paysage environnant… mais en réalité, on arrive à ne se l’envisager qu’en vase clos, totalement déconnectée du réel urbain. « Anurbanité » : la négation de la ville ? C’est en tous cas ce que traduit inconsciemment cette campagne – qui ne rend pas hommage au travail de la Cité Chaillot (ni à la Villa Savoye qui sert ici de modèle, et encore moins à la maison GO de Thionville de la photo suivante). Merci Euro RSCG…

EDIT : Le commentaire de l’agence ne laisse en fait aucun doute sur leurs intentions et leur conception irréelle de la création architecturale :

« Ces visuels montrent que les monuments architecturaux peuvent être contemplés aussi simplement que des peintures. Le travail de réalisation a consisté, grâce au photographe et au retoucheur, à rendre crédible ce partis pris. Chaque annonce a nécessité l’assemblage d’une dizaine de photos et plus de 3 jours de post-production. » (Nicolas Harlamoff, directeur artistique et Alain Picard, concepteur-rédacteur chez Euro RSCG C&O, via)

Ainsi, les spectateurs ne sont pas invités à comprendre la création architecturale, mais simplement à la « voir de plus prêt »… Une posture contemplative qui rappelle qu’en France, cette architecture-là s’auto-proclame « oeuvre d’art », création d’une élite suspendue au-dessus des réalités ‘si ternes’ du quotidien (comme nous le rappellent très bien nombre de réalisations actuelles). Il y des signes qui ne trompent pas.

Malheureusement, je ne crois pas qu’une telle campagne fasse beaucoup de bien aux architectes qui s’échinent chaque jour à ouvrir leur discipline à d’autres influences pour la reconnecter au réel urbain…

Qu’en pensez-vous ?

Accessoirement ça rappelle ça, mais en plus naze.

  1. Plus d’informations sur la campagne ici : « Signés ‘Venez voir l’architecture de plus près, trois visuels photographiés par Denys Vinson et assemblés par HPS, montrent des bâtiments emblématiques comme autant d’œuvres d’art exposées. La chapelle du XIIIème siècle située dans les Côtes d’Armor, la loge du jardinier de la Villa Savoye de Le Corbusier à Poissy, la maison GO de Périphériques Architectures à Thionville (voir photo) couvrent le spectre chronologique des collections permanentes de la Cité, du Moyen Âge à nos jours. » []

7 commentaires

  • Je crois malheureusement que c’est un travers de l’architecture qui ne se limite pas au pays de Molière et de Yelle.

    • Oui, tu as sûrement raison, mais je gardais le fol espoir que ce soit un vice localisé… Et j’entendais ça et là « qu’en France c’est pire parce que l’architecture a longtemps été rattachée aux Beaux-Arts, donc avec une formation artistique beaucoup plus dense qu’ailleurs.

      • La formation artistique n’est pas forcément plus dense, c’est simplement la formation technique qui est beaucoup plus légère.

        • Ce qui est plutôt pas mal au final selon moi ;) La limite du « tout technique » s’affiche encore dans de nombreux endroits….

          • D’après ce que j’ai compris de mes amis archi (dont Toto est le prince), c’est notamment à l’étranger que ça pose souci. Toto, tu me dis si je me trompes ? Mais on est d’accord, Pippa, le tout-technique est on-ne-peut-plus désastreux. C’est pour ça que je privilégie les architectes qui tirent parti d’influences extérieures, qu’elles soient artistiques, urbanistiques, sociologiques ou autres (pourquoi pas philosophiques) !

            • Par technique, j’entends scientifique. Que l’on étudie, même superficiellement, un peu de physique ou simplement de géométrie durant des études d’architecture me parait primordial. Certes, nous avons l’avantage par rapport à de nombreux pays d’avoir une formation beaucoup plus axée sur l’art ou la sociologie, mais nos architectes sont de piètres scientifiques. Alors qu’ils représentent un corps de metier à la croisée de nombreux domaines, qui englobent de manière importante une part de science, par opposition à l’ « Art » souverain.

  • Un des articles les moins lu semble être celui sur l’architecture! paradoxe non dans un monde d’image, un blog de com urbaine. L’architecture fondamentalement au sens bâtir pour l’homme, permettre l’habiter est agonisante aujourd’hui. Le grand travers de notre formation aujourd’hui c’est de croire que la dématérialisation de l’espace construit conduit à une nouvelle qualité d’habiter, elle nous fais juste tous converger vers la folie. On ne parle plus d’utopie, Corbu…. et les autres avaient une vision du monde, mais de réalité. Regardons les projets de Zahia, la grande prêtresse de l’archi et son amis Jean..En effet ils ne sont pas ingénieurs mais ils ont les modes de raisonnent de ceux-ci, ils ont pris le pire de la science… la perte du concret!
    Alors aujourd’hui être architecte est un acte profondément militant.

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