22 février 2018
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L'observatoireDossiers & Immanquables

Les Immanquables du mois – Février 2018

Joie de l'hiver, ce mois de février aura été marqué par l'irruption de savoureux flocons de neige à nos fenêtres, venus enchanter les rues et nous donner des envies de sneckdown. On aura donc profité de ces journées enfermés au bureau pour éplucher la veille  urbaine - entre deux moments passés à admirer les rues blanchies. Celle-ci s'avère très hétéroclite, à l'image de ce qui fait une ville aujourd'hui : agriculture urbaine, chevaux dans la ville et sports de rue s'entremêlent dans notre sélection. Complétée par des articles un peu plus sérieux sur des questions cruciales, telles que les finances des collectivités et les modèles économiques du secteur automobile... Bref, il y a de tout dans cette veille mensuelle, où l'on vous invite à piocher selon vos envies ! On se retrouve fin mars, en espérant le retour du printemps et des flâneries urbaines sans écharpe !

Le 22 février 2018 - Par qui vous parle de , , ,

Les articles à ne pas manquer

-« Finances du Grand Paris : la faillite du politique« , Alexandre Faure – La Gazette des Communes, 5 février 2018

Il faut bien vous l’avouer, on est pas forcément les plus calés quand il s’agit d’ausculter les finances des collectivités… Néanmoins, ce billet limpide d’Alexandre Faure, chercheur à l’EHESS, donne à voir les grandes fissures qui parsèment les murs du Grand Paris. De ce billet au vitriol, on retiendra surtout que tout reste à faire en matière de gouvernances, et donc aussi de finances, suite à l’explosion des budgets prévisionnels rendue publique dans un rapport de la Cour des Comptes. Pour notre part, on préfère toutefois laisser ces circonvolutions comptables de côté pour se concentrer sur ce que l’on connaît mieux : les imaginaires, et notamment leur réappropriation par les rappeurs franciliens. A ce titre, on vous signale le passage de notre éternel complice Louis Moulin sur France TV, venu présenter le billet qu’il avait co-écrit l’an dernier sur « l’hymne du Grand Paris » :

« In the Debate on Who Will Own Cars, Hyundai Picks Uber, Grab« , Sohee Kim – Bloomberg Technology, 11 février 2018

Du rififi dans la voiture autonome. La citation est intéressante pour ce qu’elle raconte des grandes visions qui s’opposent, chez les constructeurs automobiles, quant aux modèles économiques de la voiture sans chauffeur. Selon l’un des responsables du coréen Hyundai, ce sont « les opérateurs de mobilités » tels que les VTC qui posséderont la plupart des véhicules, sous la forme de vastes flottes. Finies, donc, les usagers propriétaires de leurs véhicules ? Carlos Ghosn, le fatiguant patron de Renault, estime précisément l’inverse. Et l’on ne peut s’empêcher de penser que cela tient davantage de la méthode Coué que d’une véritable analyse du marché… Enfin bon, de toutes façons on s’en fiche un peu car en réalité, le véhicule autonome est encore loin du compte, comme l’expliquait brillamment Nadège Faul, en charge de la recherche sur le véhicule autonome chez Vedecom, dans un magnifique entretien croisé avec Bruno Marzloff, notre complice de chez Chronos.

« Town sued for closing shortcut recommended by Waze« , Associated Press – The Mercury News, 1er février 2018

Ce n’est qu’une anecdote, mais elle prête à sourire ; surtout, elle en dit long sur les tensions qui animent les villes, soumises à l’explosion de nouveaux acteurs de la mobilité sur lesquels elle n’a que peu voire pas d’emprise. En l’occurrence, la news ci-contre porte sur Waze, une ville ayant été assignée en justice après avoir fermé un itinéraire recommandé par le GPS, au point d’occasionner mille désagréments pour les conducteurs… sauf que la ville avait précisément fait ce choix pour éviter mille désagréments aux résidents de cette artère, las de la voir traversée par un paquet de voitures à cause du GPS. Bref, une histoire ordinaire mais finalement révélatrice de la manière dont ces nouveaux acteurs du numérique (auxquels on pourrait bien évidemment ajouter les VTC) chamboulent l’écosystème de mobilité, laissant les collectivités parfois désemparées…

« Penser la ville en décroissance« , thèse de Charline Sowa soutenue en 2017 à l’Université Grenoble Alpes

Enfin, on termine cette première sélection en vous signalant la sortie de la thèse de Charline Sowa, fidèle compagnonne de réseaux sociaux (elle est la moitié de l’OVMH, l’Observatoire Volant des Mondes Habités), par ailleurs autrice d’un billet chez nous (« Si la ville était plus kitsch, les gens seraient-ils plus heureux ?« ), et que l’on souhaitait donc célébrer dignement ! La thèse s’intitule « Penser la ville en décroissance : pour une autre fabrique urbaine au XXIe siècle. Regard croisé à partir de six démarches de projet en France, en Allemagne et aux Etats-Unis« , et porte donc sur un sujet particulièrement crucial : les villes qui rétrécissent, futur possible dans un monde post-urbanisé…

Le podcast à ne pas manquer

L’explosion des podcasts est une bénédiction pour nous, qui adorons jeter nos oreilles à rallonge dans les méandres des pratiques urbaines. Quoi de mieux, en effet, que d’écouter « ceux qui font » pour aborder un sujet que l’on ne connaît en général qu’à travers le prisme d’articles et d’analyses extérieures, certes passionnantes mais qui restent finalement un peu trop en surface ?

C’est le cas avec « Bons Plants » (très joli nom !), un podcast sur l’agriculture urbaine signé par les équipes de Binge et d’Upian, deux talentueux studios de création spécialisés dans ces nouveaux médias. Ce « rendez-vous bimensuel pour les cultivateurs urbains » vous invite donc à explorer le monde merveilleux de la ville fertile, avec un nouvel épisode à déguster tous les quinze jours. Et pour les plus curieux, le premier opus est à découvrir ci-dessous !

L’expo (en cours) à ne pas manquer

Si vous êtes de passage à Paris et que êtes en quête d’une petite sortie pour urbanos, on vous invite à vous rendre au Musée d’Art Moderne qui propose, jusqu’au 22 avril prochain, une exposition consacré au travail de Mohamed Bourouissa sur les chevaux de « Fletcher Street ». Inspiré par l’ouvrage de sa collègue Martha Camarillo, que l’on vous avait d’ailleurs recommandé ici, le plasticien s’est en effet installé en résidence dans ce quartier de Philadelphie, célèbre pour sa communauté de cavaliers urbains.

« Territoire de réparation et de cristallisation des imaginaires, fondé par des cavaliers afro-américains, les écuries de « Fletcher Street » accueillent les jeunes adultes du quartier et offrent un refuge aux chevaux abandonnés. Sans pour autant documenter une réalité, l’artiste s’est emparé de l’histoire du lieu, de l’imagerie du cowboy et de la conquête des espaces. »

Il y a rencontré une véritable communauté qui donne à voir ce à quoi pourraient ressembler nos villes animalières à l’avenir… Un sujet de choix pour alimenter notre dada pour les chevaux urbains !

Le reportage radio à ne pas manquer

Comme souvent, France Culture nourrit nos réflexions urbaines pas d’alléchants chemins de traverse. En l’occurrence, on vous propose avec l’émission qui suit un voyage sur les traces de Bourgneuf-en-Mauges, une commune rurale qui se situe « en zone rurale, entre Angers et Cholet, dans le Maine-et-Loire. D’une superficie de 1164 hectares, elle est entourée par les champs. Au dernier recensement, la population était d’environ 700 habitants« . En interrogeant les habitants, ce reportage raconte « l’aventure résidentielle » qu’on connue tant et tant de villages à travers la France. Un récit touchant, narrant ainsi les espoirs et désillusions de cette véritable épopée pavillonnaire du XXe siècle :

« Dans la deuxième moitié du XXe siècle, le village aux racines agricoles se lance dans une aventure résidentielle. Autour du centre bourg, un ruban de pavillons se déroule. En poussant, les lotissements sont partis à la conquête des champs. Les habitants du village font le récit de leur commune, entre un passé bercé par l’agriculture traditionnelle et un présent résidentiel. »

La pub de sport à ne pas manquer

Dans un tout autre genre, on vous invite à découvrir ce (long) spot pub réalisé par Nike, qui a déferlé dans notre veille avec humour et vigueur. Le film rend hommage tant aux « sportivités urbaines » (running, basket et foot de rue, baignades urbaines et même street-golf), qu’à l’identité londonienne qu’elle dépoussière au passage. Ce savoureux mélange entre les deux, serti par une formidable énergie, nous offre ainsi l’un des plus beaux spots sur l’alchimie possible entre le sport et la ville. Avec, en sus, un décor brutaliste qui ravira les amateurs de ces « monstres de béton » aux reflets enchanteurs !

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