1 août 2010
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L'observatoireArticles

Je suis entré en ville comme on entre en religion

Le 1 août 2010 - Par qui vous parle de , , dans parmi lesquels

« Le Grand Architecte est aussi un grand urbaniste » . L’on pourrait presque résumer ainsi la prédication du pasteur Eric George, sympathique homme de foi 2.0 déjà cité ici dans « Jésus VS Pikachu : quel modèle pour l’écologie ? », donnée lors d’une émission radiophonique intelligemment baptisée « Dieu nous donne une ville » :-)

Dans cette géniale intervention, Eric George rebondit sur un extrait de l’Apocalypse [Chapitre XXI 9 à 27] pour démontrer la nature profondément « urbaine » du message divin, et par effet de miroir, la nature intrinsèquement urbaine de l’Homme.

Un point de vue original sur la ville, qui plus est porteur de valeurs universelles sur l’urbanité et les liens sociaux qui composent notre quotidien : Dieu sait que l’on aime ça ici ! (^^) C’est pour partager avec vous ce regard singulier que j’ai demandé son accord au pasteur pour reprendre quelques extraits de son intervention. J’espère que vous y trouverez le même plaisir que moi, en remerciant évidemment Eric George pour sa gentillesse.

NB : Vous pouvez télécharger sur ce lien le texte de l’émission dans son intégralité (j’ai coupé de nombreux passages). Vous pourrez par ailleurs y lire l’extrait de l’Apocalypse qui y est commenté (puisque je vous l’épargne ici ;-)

gravure dore bible - l ange montre jerusalem a saint jean

Gravure de Gustave Doré – L’Ange montre Jérusalem à Saint Jean (via)

Je cède donc la parole à Eric George, à propos de la description proposée de Jérusalem :

En ce temps où l’idéal serait un retour à la terre, est-il vraiment possible de dépeindre le Royaume de Dieu comme une ville ? Et pas n’importe quelle ville !

En effet, telle qu’elle est décrite, la Nouvelle Jérusalem ressemble beaucoup au cauchemar d’un écrivain de science-fiction : une ville entièrement faite de pierre et de métal, avec, pour tout espace vert, un seul arbre, sans doute transgénique, puisqu’il donne du fruit toute l’année…

[…] On voit bien à quel point cette image est éloignée de nos représentations, de nos imaginaires. […] Au terme de [l’Apocalypse], Dieu nous donne une ville. Or, la ville, dans la perspective biblique, est une invention strictement humaine : d’après le livre de la Genèse, c’est Caïn en fuite qui fonde la première ville et lui donne le nom de son fils. La ville est donc bien le produit d’une humanité qui s’est éloignée de Dieu.

Simplifions à l’extrême l’histoire biblique : […] Dieu place l’humain dans un jardin. L’humain refuse de vivre dans ce jardin et s’exile. Dans cet exil, il se bâtit des villes dans lesquelles il ne parviendra jamais à rétablir une bonne relation à Dieu. Pour en finir avec cet exil, cette séparation, Dieu donne une ville à l’humanité.

Ainsi, ce que nous révèle l’Apocalypse, c’est que la réconciliation n’est pas un retour à zéro. Dieu ne gomme pas notre histoire, il tient compte de nos désirs : à son jardin, nous avons préféré une ville ? Eh bien, c’est une ville qu’il nous donnera.

Toutefois, si Dieu répond à notre soif de ville, cela ne signifie pas qu’il nous passe tous nos caprices. Certes, c’est une ville qui nous est donnée. Mais cette ville n’est pas une construction humaine, on y trouve partout la marque de Dieu. […]

Si Dieu nous donne une ville, ce n’est pas parce qu’il compte sur notre talent de bâtisseurs pour collaborer avec lui. En fait, il n’a pas d’autre raison de répondre à notre rêve urbain, que son amour pour nous. Dieu veut nous faire plaisir, pas pour nous plaire mais parce qu’Il nous aime.

Mais attention :

[…] Lorsqu’est écrite l’Apocalypse, Jérusalem n’est plus rien qu’une ville rasée, détruite. Et pourtant, n’en déplaise à Saint Augustin, la cité de Dieu qui nous est donnée n’est pas la Rome Céleste, mais bien la Jérusalem Céleste. Ainsi, si l’accomplissement du Royaume de Dieu n’est pas un retour aux sources, ce n’est pas non plus l’aboutissement de tous les rêves de puissance des hommes, la ville que Dieu nous donne n’est pas celle dont nous rêvons.

[…] La Jérusalem céleste nous paraît n’être qu’une utopie de plus, une ville que nous n’arriverons jamais à réaliser… Mais rappelons-nous que la Jérusalem céleste n’est pas bâtie de mains d’homme, elle descend du ciel, elle nous est donnée. Nous ne devons pas la bâtir, nous somme appelés à y vivre.

la Jérusalem céleste nous paraît n’être qu’une utopie de plus, une ville que nous
n’arriverons jamais à réaliser…
Mais rappelons-nous que la Jérusalem céleste n’est pas bâtie de mains d’homme, elle descend du ciel,
elle nous est donnée. Nous ne devons pas la bâtir, nous somme appelés à y vivre.

Dans le brouhaha de nos villes, dans les flots des foules anonymes, Dieu nous ouvre un espace où nous pouvons vivre libérés de tout ce qui ne vient pas de Lui, libérés de nos peurs, de nos haines, de nos rancœurs, parce que plus rien ne compte que la présence de notre Dieu.

En conclusion de cette cette homélie jolie (…), le pasteur nous invite à la prière, dont l’extrait ci-dessous fera office de conclusion délectable :

« Tu es le Dieu de la ville promise aux foules solitaires des métropoles de l’histoire.

C’est pourquoi apprends-nous à aimer les villes.

Apprends-nous à aimer leurs cohues et à y discerner des visages.

Apprends-nous à aimer leurs cafés et à y ébaucher des rencontres. »

J’adore !

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