1 février 2016
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NEXT Tokyo 2045 le néo-métabolisme pour sauver la capitale nippone ?

Le 1 février 2016 - Par qui vous parle de , dans parmi lesquels ,

Ces derniers temps, la représentation d’un Tokyo futuriste tournait abondamment sur la toile. Le projet “Next Tokyo 2045” de l’agence Kohn Pedersen Fox Associates et son architecte David Malott, nous présentent ici sur archdaily et là en français sur dozodomo, une nouvelle manière de coloniser la baie de la capitale nippone, dans le but bien entendu de la sauver d’un avenir néfaste.

« Le projet dont il est question aujourd’hui est un vieux serpent de mer. Comment coloniser la baie de Tokyo ? Peut-on la « Veniser » ?

On remarque la présence d’une gigantesque tour résidentielle. Cette dernière est d’ailleurs le centre névralgique du projet. Baptisée Sky Mile Tower, elle atteindra la hauteur vertigineuse du mile, soit 1,609 mètres, et pourra accueillir 55,000 personnes !

Le projet se veut évidemment éco-responsable. On aperçoit des parcelles d’agriculture urbaine. Aussi, l’eau salée de la baie sera également retenue pour cultiver des algues, une source de carburant propre rapidement renouvelable et efficace. »

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Next Tokyo 2045, Courtesy of Kohn Pedersen Fox Associates

Si vous avez déjà feuilleté notre livret sur les archétypes urbains vous ne serez pas surpris de reconnaître dans ce projet, une ressemblance certaine avec les utopies urbaines classiques que sont les villes verticales, flottantes et fertiles (ici toutes réunies). Un bon gros mélange de villes fantasmées qui nous mène à non rien d’autre qu’une belle teubotopie comme on les abhorre.

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Next Tokyo 2045, Courtesy of Kohn Pedersen Fox Associates

Projet d’autant moins intéressant qu’il ne part en rien une idée novatrice… En effet, le mouvement des architectes métabolistes se penchaient déjà sur la question dans les années 60, avec notamment en tête de fil Kikutake Kiyonori, Kurokawa Kisho ou Tange Kenzo.

« En 2016, la baie de Tokyo n’est toujours remplie que d’eau, et les architectes et urbanistes s’affairent davantage à la préparation de Jeux Olympiques de 2020. Toutefois, l’agence Kohn Pedersen Fox Associates et son architecte David Malott pensent déjà à demain… en 2045. Leur idée reprend en partie celle de Tange, relier les deux rives les moins éloignées de la baie, distantes d’environ 14km, par une cité flottante. »

Les architectes d’aujourd’hui seraient-ils en panne d’imaginaire pour penser le futur de nos villes au point de recycler les mêmes idées ad vitam aeternam ? N’y aurait-il pas d’autres solutions à envisager pour le Tokyo de 2045 ? (Non pas que le Néo-Tokyo d’Akira ou le Tokyo 3 d’Evangelion soient des sources d’inspiration beaucoup plus enjouées…)

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Floating city, Kisho Kurokawa

Les problèmes futurs de la Tokyo ne se résoudront sans doute pas à coup de méga-tours flottantes au milieu de la baie, mais bien plutôt à une autre échelle, plus modeste. La question n’est donc pas tant d’empiéter toujours plus sur l’eau mais de réfléchir à comment raisonner l’étalement urbain de la mégalopole. Car même si l’image fortuite de la capitale est celle d’une ville hyper-dense, il n’en est rien, et en réalité Paris (21 154 hab./km²) est bien plus dense que Tokyo (6 156 hab./km²).

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Tokyo suburbs (crédits Jon sur Flickr)

L’avenir de la capitale nippone (et sans doute a fortiori des autres villes mondiales), réside peut-être dans la réinvention de ses formes et concepts d’habitation. Au Japon, la maison individuelle reste la plus répandue pour les familles, menant toujours plus au grossissement de la capitale (et de son agglomération). Mais certains projets d’architectes locaux proposent d’ores et déjà des nouveaux types d’habitat où le partage des espaces pourraient apporter des solutions à cette question d’étalement urbain. Les quartiers résidentiels entourant l’hypercentre de Tokyo sont en fait peuplés de zones pavillonnaires servant de dortoirs pour les travailleurs du centre.

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Ocean City, Kiyonori Kikutake

Et si l’habitat de demain se tournait vers l’esprit de communauté et proposait de partager sa cuisine avec la petite vieille de l’appartement d’à côté et la famille d’en face, plutôt que de nous proposer une énième tour “écologique” de 1km de haut ?1

  1. Dans le même genre, on pensera au projet BIMBY de redensification du périurbain qui propose de partager les parcelles entre voisins plutôt que de construire en hauteur… []

3 commentaires

  • Bonjour,
    Le problème essentiel dans tout ca :

    La ville de Tokyo est en train de perdre sa population à vitesse grand V. C’est une de ces « shriking cities » et à l’horizon 2050, elle aura un tout autre visage (très probable…) que celui d’aujourd’hui avec ses 38 Millions d’habitants.
    Regardons plutôt « Fiber city » de Hidetoshi Ohno…quitte à être dans l’utopie…autant se baser sur des paramètres viables…
    Calquons nous sur le phénomène de décroissance…Puisque nous sommes en plein dedans.

    Nota: http://www.fibercity2050.net/eng/fibercityENG.html

    Allez a+

  • C’est peut-être simplement un fan de Stargate Atlantis qui avait une charrette et qui s’est contenté d’un copié-collé en espérant que ça passe inaperçu (en tous j’espère pour lui !).

  • Erwan: « La ville de Tokyo est en train de perdre sa population à vitesse grand V.  »

    En fait non, la population du Grand Tokyo (les 38 millions d’habitants), soit la ville plus sa périphérie, augmente. +119,357 cette année 2015. Ceci dure depuis 20 ans. Les provinces se dépeuplent. Voir notamment l’article
    http://www.japantimes.co.jp/news/2016/01/30/national/population-tokyo-area-increases/

    La population du Japon diminue depuis 4 ans à petit feu pour l’instant environ 300,000 pour l’année 2015. La population vieillit rapidement.

    > The ministry’s figures, all estimates, record 1,302,000 deaths in the year, up 29,000 from a year earlier and a net loss of 294,000 people for 2015.

    http://www.japantimes.co.jp/news/2016/01/01/national/slightly-babies-born-last-year-japan-population-suffers-net-loss-almost-300000-people/

    Ce que cherche à réaliser le gouvernement du Japon est justement de stopper cette hémoragie qui dépeuple le Japon hors Tokyo et qui accélère donc pour le coup sa bombe à retardement de 2050 qui est une grande baisse de la population générale, mais concentrée uniquement dans quelques centres urbains.

    Les pronostics sont de l’ordre de 97 millions en 2050. Ce qui reste nettement supérieur à la population actuelle de Tokyo.

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